DANS la deuxième partie des années 60, un certain nombre de savants et de techniciens de disciplines de pointe, appartenant aux nations les plus diverses, furent soustraits à leurs activités.
À Meudon, Eugène Libert, astronome, rentrant chez lui à bicyclette le 7 septembre 1966, après une nuit d’observation, n’arriva pas à son domicile.
À Détroit, le 3 mars 1967, Albury King, chimiste, spécialiste des alliages d’aciers spéciaux, fut aperçu pour la dernière fois montant dans un autocar à destination de Ann Arbor. Il n’avait aucune raison de s’y rendre, et en fait il ne s’y rendit pas.
Le 29 août 1969, le biologiste hollandais L. Groning, le seul au monde à avoir réussi à maintenir en vie pendant quatorze jours un chimpanzé à la température de zéro degré, revenant de vacances en Yougoslavie, entra en Allemagne fédérale à Schârding, et n’en ressortit nulle part.
Ainsi disparurent, ou furent considérés comme ayant péri dans des accidents, un ingénieur américain travaillant pour la NASA au perfectionnement des cellules solaires, un pépiniériste allemand, toute une équipe russe qui poursuivait des recherches sur la nature de la gravitation, un hôtelier suisse, deux architectes, des ouvriers, en tout une centaine de personnes, hommes et femmes, chacun étant un des meilleurs dans sa spécialité. Le physicien japonais Kinoshita, atteint d’un cancer généralisé, fut retiré par sa famille de l’hôpital où il agonisait alors qu’il ne lui restait que quelques jours à vivre. Le cercueil qui fut déposé une semaine plus tard dans son tombeau ne contenait qu’un sac de terre.
Ces disparitions n’attirèrent pas particulièrement l’attention. Il disparaît chaque année dans le monde des dizaines de milliers de personnes qu’on ne retrouve jamais.